[PREVIEW] Qu’attendre de KUNG FU YOGA ? Futur navet ou bonne surprise ?

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C’est en novembre 2014 que nous avions appris l’existence de KUNG FU YOGA. Derrière ce titre ubuesque, il s’agissait surtout d’honorer le déplacement en Inde deux mois plutôt du président chinois Xi Jinping pour des accords commerciaux. Ainsi trois films sont nés d’une volonté de partenariat entre les productions chinoises et indiennes : Kung Fu Yoga, Buddies in India et un film sur un moine bouddhiste qui part en Inde pour étudier Buddha avec Wong Kar-Wai à la production.

Si le titre annonçait un retour à une comédie lourdingue après le drame policier Police Story Lockdown (le 1er février en dvd/blu-ray en France) et le film épique Dragon Blade, la présence du réalisateur Stanley Tong derrière la caméra rendait malgré tout curieux. Même si il n’est pas un grand réalisateur au sens noble du terme, il faut reconnaître que ses films ne passent pas inaperçus dans la filmographie de Jackie Chan : Police Story 3 : Supercop, Jackie Chan dans le Bronx, Contre-Attaque et The Myth. Car il faut bien l’avouer, le bougre est diablement efficace pour emballer de spectaculaires scènes d’actions.

Stanley Tong est un ancien de la Jackie Chan Stunt Team qui est passé officiellement derrière la caméra en 1992, lorsque Jackie Chan a été interdit – pour des raisons de dépassement de budget sur Big Brother et Operation Condor – de mise en scène par ses producteurs de la Golden Harvest. Seconde main de Jackie, ce dernier lui fait alors totalement confiance pour élaborer des scènes d’actions spectaculaires et inventives, ce qui ne manquera pas de faire avec la scène de haute voltige de Police Story 3 Supercop où Jackie est accroché à l’échelle d’un hélicoptère qui tente désespérément de le faire tomber en s’approchant des sommets des grattes ciels avant de s’échouer sur un train en marche ! Mais aussi la spectaculaire séquence de l’aéroglisseur de Jackie Chan dans le Bronx et la poursuite en snowboard de Contre-Attaque où Jackie manque de justesse de se faire décapiter par les pales d’un hélicoptère lorsqu’il s’élance d’une falaise afin de s’agripper à lui. Des scènes qui n’ont pas manqué d’entouthiasmer le public internationale puisque ces films font partie des plus gros succès de Jackie Chan à l’international avant la période Rush Hour et la renommée mondiale.

Le hic, c’est qu’en dehors de Jackie Chan et Once a Cop, un véhicule pour Michelle Yeoh, sorte de spin off à Police Story 3, le réalisateur est plutôt synonyme de nanar. On pense évidemment à Mr Magoo en 1997 avec Leslie Nielsen, l’acteur culte des « Y-a-t-il un », mais aussi China Strike Force en 2001 avec Mark Dacascos (Le Pacte des Loups) et Aaron Kwok (Cold War) sans oublier la tentative dans la fantaisie érotique en 2002 avec Erotic Ghost Story avec Sophie Ngan Chin Man, une des déesses de la CAT III Hongkongaise (film interdit au moins de 18 ans).

C’est en 2005, profitant du retour de Jackie Chan dans ses terres après son errance à Hollywood, que Stanley Tong renoue avec le succès avec The Myth, une sorte de « Armor of God » fantaisiste. Si la tentative de voir Jackie Chan dans un autre style était honnête, le film échoue hélas par son scénario bancal et une direction artistique mal maitrisée.

En cela, l’annonce du projet KUNG FU YOGA avait de quoi inquiéter. Sans compter, les échecs successifs que la production à du rencontrer en Inde en perdant ses producteurs indiens après que plusieurs stars aient déclinés l’offre comme Shahrukh Khan, Aamir Khan, Tiger Shroff  et la comédienne Ileana D.Cruz.

Mais doté d’un budget de 60M$ et la promesse d’une distribution internationale, d’autres producteurs indiens se proposèrent rapidement et c’est ainsi que le casting indien fut composé de Sonu Sood et des très jolies comédiennes Amyra Dasture et Disha Patani qui apparaitront aux côtés des jeunes comédiens chinois Aarif Rahman, Zhang Yixing et Miya Muqi.

C’est à ce moment-là, que Stanley Tong décide de dévoiler l’histoire de son film. Nous apprenons alors qu’il s’agira d’une fausse suite à The Myth, dans le sens où ce dernier voyait une partie de son intrigue se passer en Inde et qui voyait déjà au casting une actrice indienne, Mallika Sherawath. L’histoire voit Jackie Chan dans la peau de Jack, un archéologue de renommé mondiale et son équipe se lancer sur la piste d’un trésor perdu Indien convoité par des mercenaires. Jack mènera son équipe dans une course poursuite autour du monde afin d’être les premiers à trouver le trésor.

Comme Chinese Zodiac, dont Stanley Tong était producteur, le film sera une comédie d’action et d’aventure se passant sur plusieurs continents : Chine, Islande (Tibet dans le film ?), Dubaï, Inde. Et comme Chinese Zodiac, le film greffera Jackie Chan à une équipe de jeunes aventuriers, des voitures et environnement de luxes et des séquences en pleines natures. Outre les cascadeurs de la Jackie Chan Stunt Team, le film de Stanley Tong partage d’ailleurs deux membres de l’équipe technique de Chinese Zodiac comme le directeur de la photographie (Horace Wong déjà à l’œuvre sur Espion Amateur, Twin Dragons mais aussi sur les meilleurs John Woo) et le compositeur (Nathan Wang déjà à l’œuvre sur Who Am I et The Myth).

Lorsque la première bande annonce fait son apparition sur la toile, c’est la stupéfaction ! Contre toute attente, le film promet une aventure exotique totalement décomplexée et folle dont une poursuite en voiture qui promet d’être aussi digne que celle de Fast and Furious qui voit Jackie avoir comme co-équipier un lion malade en voiture. L’aventure s’annonce gavée de péripéties colorées, fraîche, extravagante et pour ne rien gâcher – comme dans la tradition des « Armor of God » – les filles sont jolies.

Mais du haut de ses 62 ans, Jackie Chan ne peut évidemment plus rivaliser avec ses heures de gloires, la question est alors : A l’instar des films de Ding Sheng, le nouveau film de Stanley Tong peut-il être assez novateur pour ne pas se reposer uniquement sur les capacités athlétiques (hélas vieillissante) de la superstar ?

Il faut avouer que revoir Jackie dans un style purement « Kung fu » fait plaisir. Titre oblige, le style des combats promettent d’être orienté vers des chorégraphies « old school ».  De la chorégraphie, il en saura aussi question dans une scène de danse typique du cinéma Bollywoodien que l’acteur Sonu Sood a réussi à caser dans le script après avoir convaincu Jackie Chan et la renommée chorégraphe indienne Farah Khan. Une scène de danse qui devrait au mieux sentir bon la bonne humeur et l’hommage au cinéma indien, au pire, nous laisser complètement médusés devant notre écran.

Ainsi, entre l’annonce du projet et les différentes bandes annonces, l’enthousiasme n’a cessé de grandir. Pour autant, cela fait maintenant plus de 20 ans que Jackie Chan et son Opération Condor trône au sommet dans le style « aventure » et il sera dure pour KUNG FU YOGA de réitérer cet exploit. Néanmoins, peut-être s’agira-t-il du film d’aventure de Jackie qui nous vengera des déceptions ressenties avec Chinese Zodiac et The Myth ? Ça serait déjà pas mal.

Au final, laissons-nous tenter par ce film d’aventure inoffensif destiné à un large public (de 7 à 77 ans) quelques parts entre Tintin et la série animé La Bande Picsou. Cette dernière mettait en scène Picsou et ses petits-neveux Riri, Fifi et Loulou qui parcouraient le monde pour trouver des trésors perdus face à Grispou et ses sbires. Comme d’habitude, les films de Jackie Chan post 2010 divisent fortement. Les premières critiques oscillent entre la bonne surprise (FilmCombatSyndicate.com) et le navet (CityOnFire.com).

KUNG FU YOGA sort le 27 janvier aux Etats-Unis dans une minuscule combinaison de salles et le 28 janvier en Chine, coup d’envoi du nouvel an chinois, soit la période de vacance la plus prolifique pour le cinéma chinois. L’année dernière, The Mermaid de Stephen Chow avait explosé tous les compteurs en rapportant pas moins de 3 milliards de Yuan ! Du jamais vu ! KUNG FU YOGA aura du mal à se hisser au même niveau car il aura comme concurrent le nouveau Stephen Chow, Journey to the West : Conquering the Demons 2 signé par Tsui Hark dont le premier fut un énorme succès au box-office chinois avec plus d’un milliard de Yuan. La comédie Buddies in India devrait lui aussi attirer les foules reléguant la cinquième collaboration entre Jackie Chan et Stanley Tong à la troisième place du box-office du nouvel an. A moins que la magie indienne et les situations délirantes de cette chasse aux trésors bon enfant ne gagnent le cœur du grand public chinois. Ce n’est pas impossible.

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