Entretien avec Jackie Chan pour The Hollywood Reporter

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Jackie Chan s’est entretenu avec The Hollywood Reporter pour parler de son nouveau film, des relations sino-hollywoodiennes et de son amour pour La La Land.

Voici la traduction de l’entretien.

The Foreigner est votre première grande sortie aux Etats-Unis depuis les sept dernières années. Pourquoi as-tu décidé de revenir avec celui-ci ?

En fait, je n’ai jamais quitté l’Amérique. C’est juste que je n’avais pas trouvé de bon script. Toutes ces années après Karaté Kid, j’ai reçu tellement de scripts. Je fais des films depuis 57 ans, j’essaye maintenant de trouver quelque chose de nouveau. En Chine, je peux faire beaucoup de choses différentes. J’ai choisi The Foreigner parce que c’est totalement différent. C’est ce que je veux. Je veux m’assurer que le public, chaque année, voit autant de Jackie Chan différents. Je ne veux pas de Rush Hour 1, 2, 3, 4, 5. Je suis fatigué. Probablement le public va l’aimer. Mais si je continue à faire ce genre de films, ma carrière se terminera probablement dans quelques années quand le public sera fatigué à son tour et que je ne pourrai plus me battre. Et quand je voudrais changer pour me concentrer sur le métier d’acteur, ça sera trop tard. Donc, j’ai tout planifié depuis des années. Pas à pas, je laisse savoir au public : « Ah, Jackie, c’est un acteur. » Je ne suis pas qu’une star de film d’action. Quand j’ai regardé La La Land, je me suis dit que je voulais être acteur, un chanteur, un danseur. C’est ce que je veux faire. Je veux vraiment faire des choses différentes en Amérique.

Le public américain a l’habitude de vous voir dans des comédies, mais votre rôle dans The Foreigner est plus dramatique. Pourquoi voulez-vous qu’ils voient ce côté de vous ?

Ce n’est pas une question de box-office. Ce qui est plus important, c’est le spectateur. J’ai travaillé si dur pendant toutes ces années dans le cinéma. Je voulais prouver que je suis un bon cascadeur, que je suis un bon coordinateur de cascades, que je suis un bon réalisateur, que je suis un bon producteur et que je peux écrire. Maintenant, je veux qu’ils disent que « Jackie est un bon acteur ». Après avoir obtenu l’Oscar pour l’ensemble de ma carrière, je veux obtenir – j’espère un jour y arriver – un Oscar du meilleur acteur.

Il y a tellement de stars étrangères, et je peux voir les erreurs qu’ils ont faites. Alors, j’essaye de corriger ça en ce qui me concerne. Quelle est la bonne chose à faire ? Je regarde Robert De Niro et je regarde Clint Eastwood. Un acteur peut faire des films pour toujours. Quand je regarde les stars de films d’actions à travers le monde. Combien y en a-t-il aujourd’hui dans l’industrie cinématographique ? Ils sont partis. Regardez Hollywood aujourd’hui et la technologie qu’ils ont. Tout le monde est Super Woman, ils peuvent faire de tout le monde une star de film d’action. Certaines stars ne savent même pas se battre, mais elles passent pour des stars de films d’actions. Un jour, quand je serai vieux et que je ne pourrai plus me battre, ils pourront encore faire de moi une star du cinéma d’action. Mais savoir jouer la comédie est toujours plus important.

Vous avez produit The Foreigner à travers votre compagnie, Sparkle Roll. Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer au projet en tant qu’interprète et producteur ?

Je ne reçois jamais de script comme The Foreigner. Si je suis juste acteur, je dois attendre qu’Hollywood m’engage pour faire un film. Et généralement, c’est toujours Rush Hour, ou similaire à Rush Hour. Je n’ai pas l’occasion de faire La La Land. C’est pourquoi, quand j’apprécie un scénario, je le finance moi-même et je suis le producteur. J’ai fait équipe avec la société américaine STX pour m’aider sur le marché américain et je m’occupe du marché asiatique.

Je ne pense pas que Warner Bros ou New Line viendra me dire : « Regardez Jackie, j’ai The Foreigner, c’est pour vous. » Non, ils ne veulent soutenir ces types de films. Ils préfèrent Shanghai Dawn ou Rush Hour 4. Pendant les sept dernières années, avec Shanghai Dawn, ils ont réécrit et réécrit et je n’aime pas. Avec Rush Hour, j’ai refusé tant de fois les versions du script. Et enfin, la semaine dernière, nous nous sommes mis d’accord. Ça pourrait marcher. L’année prochaine, si je ne peux pas le faire, et qu’il y a un problème avec Chris Tucker parce qu’il devient trop vieux. Nous devrons changer les personnages.

Vous vous tournez vers la coproduction américaine ?

Oui, parce que maintenant le marché chinois est en train d’exploser. Si je veux un projet pour lequel je suis d’accord, je vais le financer et j’ai le marché chinois. Chaque société de production américaine peut dire : « Ok ! Vous avez le marché Chinois – vous avez la moitié de l’argent, nous pouvons faire équipe ». Maintenant, c’est devenu un marché mondial. Ce n’est pas seulement le marché américain et l’Europe. Beaucoup de films américains, qui ne sont pas eu de succès en Amérique, auront un gros box-office en Chine. J’espère qu’il y aura un La La Land 2. Si ils me le proposent, je dis : « Je garantis le marché chinois. Ok faisons-le » En tant qu’acteur, je veux essayer tant de choses. Je ne veux pas faire la même et unique chose.

Sparkle Roll possède des salles de cinéma, finance, produit, distribue. Y-a-t-il quelque chose que vous ne faites pas encore et que vous aimeriez essayer ?

J’aimerai essayer les séries TV. Maintenant à Hollywood, chaque grande star fait une série TV. Je regarde beaucoup de séries américaines, et celles-ci sont très bonnes. Je peux faire équipe avec n’importe quel studio américain, s’ils ont un bon projet. Le problème en ce moment ? Nous avons l’argent mais nous n’avons pas de script.

Que cherchez-vous comme un script ?

Nous travaillons actuellement sur quelques-uns. Mais nous devons penser à la traduction chinoise. Après la traduction, ce n’est plus drôle ou pas réaliste.

Comment la relation Hollywood-Chine va-t-elle progresser d’après vous ?

Toutes ces années, j’ai toujours dit, les films américains sont diffusés dans le monde. Très peu de films chinois, sortent à l’extérieur de la Chine. Même s’il y a de grands films chinois au box-office, ils ne sont diffusés qu’en Chine. Pas même à Hong Kong, pas même à Macao. Nous voulons aider les films chinois à se mondialiser. La Chine a le Kung Fu et les pandas mais nous n’avons pas Kung Fu Panda, qui est un film américain. Comme avec Mulan. En Chine, il y a eu beaucoup de série tv et de films mais personne ne le sait. Mais quand Disney fait Mulan, le monde entier est au courant. Ces films aident la culture à voyager dans le monde entier. Nous avons besoin d’une distribution américaine et l’Amérique a besoin du marché chinois.

Cherchez-vous plus de coproductions américaines en ce moment ?

Oui. Mes prochains films, sont des coproductions. Nous avons actuellement une bonne équipe aux États-Unis et une bonne équipe en Chine [NDR : il s’agit sans doute de Ex-Bagdhah réalisé par Scott Waugh]. Mais Sparkle Roll n’est pas une société qui multiplie les annonces. Si le film va vraiment se faire alors nous l’annonçons. Je n’aime pas trop les communiqués de presse.

 

Entretien par Mia Gallupo pour The Hollywood Reporter

Photo Getty Image

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