Affirmer que je n’ai pas hésité avant d’écrire cet article, serait mentir. Que vient donc faire une info sur le 6e opus de la franchise Mission Impossible, intitulé Fallout, véhicule parfait pour la star Tom Cruise, sur le site Jackie Chan France ?
A la vue de la première bande-annonce de Fallout, mise en ligne après sa diffusion lors du Superbowl aux USA, il y a cette impression de voir à travers ce film, la volonté de Tom Cruise de marcher sur les plates-bandes de notre cher Jackie Chan.
Evidemment, ce n’est pas nouveau. Outre le fait qu’Hollywood a régulièrement pillé les films de Jackie (de Tango & Cash en passant par Bad Boys 2 et Pirates des Caraibes : Le Secret du Coffre Maudit), depuis Mission Impossible 2 réalisé par John Woo en 2000, la franchise Mission Impossible, s’est mis en tête de faire sa promo sur les « exploits » de Tom Cruise lors d’une cascade où ce dernier est accroché sur les hauteurs d’un canyon dans le parc d’État de Dead Horse Point, en Utah aux Etats-Unis.
Cela a pris un sérieux tournant quand Tom annonça qu’il allait grimper à plus de 500 mètres sur le plus grand gratte-ciel du monde: le building Burj Khalifa à Dubaï pour MI4 : Ghost Protocol de Brad Bird en 2011. Mais c’est surtout sa rencontre avec le réalisateur Christopher McQuarrie sur le tournage de l’efficace Jack Reacher l’année suivante qui lui donna définitivement l’envie de devenir clairement la prochaine légende du cinéma d’action. Ensemble, ils vont faire de la franchise Mission Impossible, un monument d’adrénaline en cumulant séquence après séquence des moments de bravoures comme celui dans Rogue Nation où Tom Cruise court sur l’aile de l’avion de transport militaire A400M en cours de roulage puis s’agrippe aux déflecteurs d’air montés sur ses flancs. L’A400M est alors en plein décollage et l’acteur va se retrouver quelques secondes plus tard à 1500 mètres d’altitude. Faut avouer que ça a de gueule.
Avec ce 6e opus, on dirait qu’ils ont encore mis les bouchés doubles avec des poursuites en moto, en hélicoptère, des bastons brutales… bref de l’action toujours des plus « old school », c’est-à-dire dénué, le plus possible, de trucages numériques. Soit l’extrême inverse de ce que fait aujourd’hui Jackie Chan, pourtant longtemps seul à œuvrer à travers cette « trademark » suicidaire.
Il n’a pourtant pas manqué de concurrent comme Jet Li, Donnie Yen, Jacky Wu Jing, Tony Jaa ou Iko Uwai. Pas un seul n’arrivera à l’égaler. Mais personne ne s’attentait à ce que ce soit Tom Cruise qui lui vole le drapeau !
Il faut voir comment la promotion de Fallout axe sa communication sur les blessures de Tom, notamment sur sa désormais fameuse cheville cassée, durant un saut sur le toit d’un immeuble à un autre. Rappelant les heures de gloires kamikazes de Jackie Chan.
Certes, on est encore loin de la folie d’un Marin des Mers de Chine ou Police Story. Tom Cruise pratiquant essentiellement des cascades dites techniques (accroché à un avion, accroché à une montagne, accroché à un building, accroché à un hélicoptère…) quand Jackie Chan soumettait son propre « corps » à la gravité et au service de la cascade, quitte à se briser les reins !
De plus, on devine bien que les combats avec Tom Cruise ne seront jamais en mesure d’égaler ceux de la grande période Chanienne des années 80 et 90.
Mais alors ? qu’est ce qui fait que les Mission Impossible ressemblent de plus en plus à une production de Jackie Chan des années 90 alors même que Jackie semble avoir cruellement du mal à retrouver son aura d’antan ?
Bien entendu, Tom Cruise a presque 10 ans de moins que Jackie et bénéficie de budgets deux fois supérieur à un blockbuster avec Jackie Chan (soit plus de préparation, de personnels, de jours de tournages). Mais rien ne pourrait empêcher Jackie d’égaler la décennie de moins de Tom, et cela « finger in the nose ». D’autant plus qu’être accroché à un avion ne demande pas nécessairement de talent physique (si ce n’est un travail sur la respiration lorsque l’avion est en plein vol).
Non, le gros problème des films chinois actuels de Jackie Chan vient essentiellement de l’absence de direction forte et singulière et d’un scénario travaillé. Jackie Chan est également partagé entre l’idée qu’il est encore un jeune homme de 30 ans et une réalité qu’il ne peut dénier (il a 64 ans). Les réalisateurs avec qui il tourne sont souvent médiocres comme Stanley Tong, Leo Zhang (Bleeding Steel) et ça sera certainement encore le cas avec Vash Yan Jia, réalisateur du prochain Jackie, The Knight of Shadows, auteur d’un mauvais premier long horrifique, Bugs 3D.
Ce n’est pourtant pas les bons réalisateurs chinois qui manquent comme Ding Sheng, HanYan (regardez la bande-annnonce de Animal World), Cao BaoPing (Cock and Bull), Hu Guan (Mr Six), Lu Chuan (City of Life and Death) sans compter les metteurs en scènes de Hong-Kong comme Tsui Hark, Dante Lam (Operation Mekong) ou Alan Mak (Extraordinary Mission) …
Si vous ajoutez à ces choix déjà fort handicapants, le fait que Jackie persiste à user toujours plus d’effets spéciaux numériques (généralement pas au point, malgré des améliorations années après années) et à laisser des moments de bravoures plus important à la nouvelle génération de comédien chinois, il n’y a rien d’exceptionnel à se retrouver au final devant des nanars.
Plus curieux encore, on dirait bien que Jackie Chan cherche absolument à effacer « Jackie Chan ». Derrière ses effets numériques, derrières ses jeunes comédiens, derrières ses couches de maquillages le vieillissant toujours un peu plus… Jackie Chan ne chercherait-il pas à « disparaître » ?
Pas étonnant que Tom Cruise se saisisse de la place libre…
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