[critique] PANDA PLAN de Zhang Luan (2024)

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Lorsqu’en août 2023, le tournage de Panda Plan a été annoncé, les fans de Jackie Chan (dont l’auteur de ces lignes) ont pris peur. Après la sortie des sympathiques Ride On et Hidden Strike en 2023, la crainte de voir Jackie Chan replonger à nouveau dans des productions cyniques telles que Vanguard était probable. Jusqu’à l’apparition du trailer, notamment international, qui, à défaut de beaucoup en montrer, a rassuré les fans : Jackie Chan est bel et bien le « one & only action hero » dont le public a besoin.

Réalisé par Zhang Luan, auteur en 2022 de la comédie Give Me Five (avec Wei Xiang, Li Ma et Jia Bing) et d’un premier long-métrage plus convaincant, la comédie dramatique Song of Youth (2019), celui-ci a pris le contre-pied de la méthode Stanley Tong qui, depuis Kung-Fu Yoga, est bien décidé à remplacer la légende du cinéma d’action par tous les moyens possibles : casting plus jeune et IA avec le récent A Legend (2024).

Dans Panda Plan, Jackie Chan est bel et bien le personnage principal du film et, à l’image de sa grande époque, sa présence va provoquer une pagaille désopilante au sein d’un zoo.

L’action prend place dans un parc animalier, où Jackie Chan a été invité à adopter un bébé panda. Celui-ci présente une particularité génétique. Le petit panda a en effet un cerne noir plus gros que l’autre. Une rareté qui a attiré les désirs d’un prince saoudien qui a engagé des mercenaires pour le kidnapper. Aidé de son agent et d’une gardienne de panda, Jackie Chan va tout tenter pour protéger le petit animal tout mignon.

 

À travers ce simple pitch, c’est l’occasion de créer toutes sortes de situations totalement hors contrôle. Contrairement aux récents films de Stanley Tong, celui-ci possède un script construit où chaque élément introduit sert le récit, ce qui permet à Zhang Luan d’enchainer les péripéties à un rythme soutenu augmenté de gags qui feront plus ou moins mouche selon votre âge. Car Panda Plan est avant tout une comédie rocambolesque pour les plus petits, même si le réalisateur a pensé aux adultes, notamment aux fans de la première heure, désormais heureux parents. L’humour est ici totalement ubuesque et tout le monde (notamment les mercenaires) agit de manière totalement absurde, tandis que le petit panda ignore tout des enjeux qui le concernent.

Le panda étant considéré comme un trésor national en Chine, il est donc interdit de le domestiquer pour les besoins d’un film. La production a alors eut recours aux SFX pour ce dernier. Il est regrettable que l’incrustation ne soit pas si bonne que ça. Néanmoins, cela ne vient pas contrecarrer le plaisir de la vision, notamment en raison de sa présence modérée. En cela, le réalisateur a su intelligemment jouer avec les limites de la production (budget compris entre 15 et 20M$).

Le panda étant un animal casse-cou, il n’y avait pas meilleur comédien que Jackie Chan pour l’adopter. C’est la première fois que le cascadeur de la JC Stunt Team, Lü Shijia signe l’action d’un film. Et il s’en tire pas mal. (Il a également signé les quelques actions du prochain Whispers of Gratitude).

À 69 ans (sur le tournage), il est à la fois étonnant et déraisonnable de voir Jackie Chan gesticuler, rouler, tomber, glisser, chuter comme s’il en avait 30. En cela, de mémoire de cinéphile, le public n’a jamais vu une action star de cet âge faire pareil exploit. Son visage marqué fait son âge, mais son esprit et son corps viennent affirmer le titre de son autobiographie « Ne Jamais Grandir ». Même s’il est logique que ses mouvements ne soient plus aussi souples et explosifs que sa grande époque, Jackie Chan est resté ce grand enfant peu docile, indiscipliné, récalcitrant et dingue. Avec autant de vieilles blessures que son âge, le voir continuer à se donner autant de mal est un miracle. Et on ne lui demande pas tant. En cela, Jackie Chan mérite le plus grand des respects.

 

Par ailleurs, Panda Plan flirt souvent avec la parodie. Ici, Jackie Chan ne se prend absolument pas au sérieux. Le film va jusqu’à se moquer de ses particularités physiques. Tandis que le film étrille gentiment le style « heroic bloodshed » du cinéma HK, le temps d’une courte séquence hilarante.

Soutenu au casting par l’exubérant Wei Xiang (acteur récurrent de la filmographie de Shen Teng) et l’actrice Ci She, cette dernière emporte l’adhésion, en incarnant soigneusement la gardienne du petit panda. En jouant impeccablement sa partition, elle est sans aucun doute l’un des atouts du film. Les amateurs du cinéma de Chine continentale apprécieront également le caméo de l’humoriste Jia Bing, le temps d’une apparition totalement hystérique (il fait également une apparition dans A Legend). En ce qui concerne le casting occidental, c’est une autre affaire. C’est une scorie qui ne date pas d’hier. Même à la grande époque du cinéma HK, il n’était pas rare de voir de piètres performances de la part des « gweilos ». Cependant, le ton parodique du film les sauve, notamment le cascadeur membre de la JC Stunt Team, Temur Mamisashvili, qui s’en sort plutôt bien dans le rôle d’un mercenaire neuneux qui confond un peu trop cinéma et réalité.

Malgré tout, on regrettera un récit en mode automatique après les 3/4 du film en raison notamment d’un final un peu trop expéditif. 

Quoiqu’il en soit, Panda Plan est à l’arrivée une comédie d’action familiale bébête et sympathique qui s’inscrit quelque part entre Niki Larson, Rob-B-Hood et Kung Fu Nanny. Difficile, dans un tel contexte, de détester l’humble et sincère proposition. S’il est encore très frustrant pour certains de voir Jackie Chan âgé de 70 ans, les fans raisonnables de la superstar ne s’attendent plus à le voir exécuter des cascades mortellement dangereuses ou enchaîner des combats homériques comme lui seul a le secret. Sa simple présence suffit à titiller la fibre nostalgique. Si le film est loin d’être parfait en raison notamment de sa principale cible (récit simple avec peu de profondeur, caractérisation unidimensionnelle, méchants caricaturaux), l’enthousiasme communicatif emporte l’adhésion, notamment grâce à une très bonne première heure.

Panda Plan est disponible sur la plateforme de streaming chinoise Youku avec les sous-titres anglais. Il sera édité aux Etats-Unis par Well Go USA en blu-ray (zone A) avec sous-titres français le 18 février 2025. Toujours pas d’annonce en France.

 

 

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