Chers fans, nous assistons grossièrement à la passation de flambeau de notre bon vieux Jackie Chan à la nouvelle génération plus attractive au box-office.
Ainsi, la production de A Legend a publié aujourd’hui le clip vidéo de la chanson thème du film. Un remix Hip-Hop de la chanson originale de 2005 intitulé « Endless Love » chanté autres fois apr Jackie Chan et l’actrice sud-coréenne Kim Hee-Sun, interprété cette fois par Zhang Yixing dit Zhang Lay. Tout un symbole.
On le pressentait. Le dernier Stanley Tong n’est pas un film de Jackie Chan, mais un véhicule pour imposer définitivement Zhang Yixing comme nouvelle starlette du cinéma chinois. Ce qui l’est indéniablement quand on voit le score colossal au box-office (530M$) du très bon thriller No More Bets, sorti l’année dernière en Chine.
C’est un fait. Avec les derniers échecs aux box-offices de Knight of Shadows, Bleeding Steel et Vanguard, Jackie Chan a perdu la confiance des investisseurs sur le marché des blockbusters. Rien d’étonnant donc que la promotion de cette nouvelle superproduction s’axe principalement sur les « exploits » de Zhang Yixing et de manière cynique sur l’IA qui rajeunit Jackie Chan (gommez ce « vieux » que je ne saurais voir, se saurait exclamer Molière aujourd’hui).
Mais à qui la faute ? C’est bien Stanley Tong qui est à la manœuvre de cette trompeuse direction. Ce dernier avait commencer à déformer le cinéma de Jackie Chan avec Chinese Zodiac en 2012. C’est lui qui a convaincu Jackie Chan de lui accolé un groupe de jeune et d’y ajouter un tonne de gadgets technologiques. Des éléments que Stanley Tong ne cessera de reprendre dans ses propres films : Kung Fu Yoga et le désastreux Vanguard.
En effet, ces dernières années, Stanley Tong n’a eu de cesse, à travers des séminaires et des forums sur le cinéma, de vanter sa stratégie pour à la fois gagner le box-office local avec la jeune génération qu’il déguise honteusement avec une absconse transmission à une nouvelle génération et, d’un autre côté, « Jackie Chan » et des éléments de hautes technologies pour le marché international et ainsi montrer au monde entier la puissance de la Chine.
Il en résulte un véritable coup de poignard dans le dos des fans qui acceptaient volontiers la vieillesse de Jackie Chan comme l’attestent les scores au box-office chinois de Police Story Lockdown (75M$), Dragon Blade (102M$) et Skiptrace (122M$). Des scores en réalité plutôt humbles, car loin de la capacité qu’offre le marché chinois. Depuis 2012, les films peuvent prétendre à des recettes bien au-delà delà de la barre symbolique des 150M$ (1 milliard de Yuan) et peuvent flirter avec les 800M$ comme le montrent des titres tels que le film de guerre The Battle at Lake Changjin, la comédie Hi, Mom ou encore le film d’action Wolf Warrior 2.
Des sommets dont rêve Stanley Tong, connu à Hong-Kong pour être le premier réalisateur à avoir explosé le record du box-office HK avec Rumble in The Bronx en 1995 puis l’année suivante avec First Strike. À travers la volonté de convertir le cinéma de Jackie Chan en une version cyniquement plus jeune et pop, il y a en réalité un certain orgueil mal placé du réalisateur. Orgueil qui s’est cristallisé en 2017 avec Kung Fu Yoga qui a rapporté 255M$ lors de sa sortie durant les fêtes du Nouvel An chinois. Si le score est étonnamment haut, les critiques étreignent sans scrupule le film, rejetant par la même occasion la formule si chère à Stanley Tong. Mais pour ce dernier, les recettes valent manifestement plus que les avis et il poursuivra avec la même formule sur Vanguard en 2021. Par chance, celui-ci sera un échec à la fois critique et public et Jackie Chan en profitera pour s’épanouir sur un projet plus modeste et sincère, le fameux Ride On de Larry Yang.
Bien sûr, à 70 ans, Jackie Chan ne peut plus faire de cascades et de combats homériques. Lui-même sait par ailleurs qu’un personnage de son âge ne peut pas prétendre à des scènes d’actions folles sous peine d’être peu crédible auprès des spectateurs. Désormais, il faudra donc s’attendre à une filmographie en demi-teinte. D’un côté des blockbusters où il occupera les seconds rôles (A Legend, le nouveau Karate Kid) et de l’autre des films plus modestes où il sera au centre de l’intrigue, comme la comédie dramatique Whispers of Gratitude où Jackie interprète un homme atteint de la maladie d’Alzheimer. Abandonne-t-il l’action ? Non, mais elles n’occuperont pas le premier plan et seront diluées dans des intrigues plus réalistes et modestes.
Certains diront que je préjuge ici de ce que sera A Legend. Que l’on soit bien clair. Même si les doutes sont légitimes à ce stade en raison du niveau désastreux des précédents films de Stanley Tong, A Legend pourrait tout à fait être un bon film, quand bien même Jackie Chan n’occupe pas le premier rôle. Et il reste un maigre espoir de voir celui-ci occuper le premier plan par je ne sais quel miracle scénaristique. Mais en tant que site de fans de Jackie Chan (et non de Zhang Yixing), il est de mon rôle de vous avertir afin de ne pas vous faire berner par l’entreprise.
Présent, ce week-end au Festival International du Film de Shanghai, Stanley Tong a bien vanté les capacités athlétiques de sa jeune vedette Zhang Yixing et a bien précisé que le film est une romance sur des jeunes gens à travers deux époques. Les personnages principaux sont bel et bien : Zhang Yixing, la mannequin Guli Nazha et Aarif Lee dans le rôle de l’amoureux mal attentionné. Jackie Chan joue ici le rôle de témoin.
Mais Jackie Chan dans tout ça ? Comment vit-il ce passage de « flambeau » qui n’en est pas vraiment un, puisqu’inimitable ?
Et bien durant sa dernière visite au Japon, Jackie Chan nous a une nouvelle fois donné un indice. Lors d’un entretien, Jackie Chan a fustigé une nouvelle fois la jeune génération d’acteurs, qu’il juge à la fois douillette et incapable de se concentrer entre les prises. Des propos qui montrent bien sa frustration. Mais d’un autre côté, il nous dit entre les lignes qu’il n’a pas réellement le choix en déclarant qu’il ne se soucie plus des critiques et qu’il va là où bon lui semble. Autrement dit, il bosse avec ceux qui veulent bien bosser avec lui.
Jackie Chan n’a eu de cesse, tel un saltimbanque, de parcourir le monde de tournage en tournage. Très peu chez lui, on devine que sa véritable maison se trouve sur un lieu de tournage. Ses cascadeurs sont en cela ses véritables « enfants ». À travers ce clip vidéo de A Legend, on sent bien que Jackie Chan s’est beaucoup impliqué dans les coulisses. Il s’est d’ailleurs occupé personnellement de la formation aux combats de l’actrice et mannequin Guli Nazha. On sait également à quel point il aime prendre soin des équipes. Je crois alors que l’on peut affirmer que Jackie Chan préfère, quelque part, les tournages plus que les films en eux-mêmes. Mais qui sommes-nous pour lui jeter la pierre ? Après tout, c’est son métier. Sa vie.
4 Comments
dragonheart
Je le dis depuis longtemps, la solution c’est faire du (bon) Liam Neeson. Avec une chorégraphie et un montage adaptés, Jackie peut largement faire du Taken, Passenger, Non-Stop ou Sans Identité. Personne ne l’appelle ? A-t-il montré son intérêt envers Dante Lam, Soi Cheang, Wilson Yip, Herman Yau ? Les a-t-il appelés directement, les rencontre-t-il dans des soirées, est-il en relation avec des proches (Andy Lau, Donnie Yen, Wu Jing, Nicholas Tse) ?
Jackie est un homme de troupe. Ses meilleures années, il les a passés avec une équipe plus ou moins identique. Aujourd’hui, il est orphelin de la Golden Harvest, de Raymond Chow, de Leonard Ho, d’Edward Tang et de beaucoup d’autres. Il se cherche une nouvelle troupe pour la suite de sa carrière. C’est pour ça je pense qu’il retravaille souvent avec le même réal après une première bonne expérience. Pour moi, il n’aurait jamais dû quitter la EMG qui était le cadre idéal pour son épanouissement.
Maintenant si les producteurs ne veulent plus lui confier des budgets supérieurs à 50M$ à cause des échecs et qu’il se contente de polars d’action à 25M$ moi ça me va très bien.
Tirry
Il ne cherche rien. On lui propose. Il aime, il le fait. Il aime pas, il ne fait pas. C’est pas plus simple que ça.
Et il est naturellement plus disposé à bosser avec ses amis comme Stanley Tong.
dragonheart
C’est aussi le travail de son agent de lui décrocher des opportunités. Qui est son agent ? Que fait-il, à part empocher sa commission ? C’est là qu’on voit que les anciens manquent comme Willie Chan.
Tirry
Pas faux. Mais en a-t-il réellement un ? Sans doute aux USA. Mais en Chine, je pense que tout le monde sait comment le joindre et des juristes au sein du JC GROUP s’occupent très certainement de négocier ses contrats.
Puis sincèrement, vu son statut et sa fortune, il s’en fout. Et il faut surtout arrêter d’imaginer que Jackie Chan va faire un film « comme »… Ca ne correspond pas à sa personnalité ni égo.