Pour rentrer plein pied dans le vif du sujet, Le Royaume Interdit est en gros ce qu’aurait dû être The Myth d’un point de vue artistique: décors, photographies (Peter Pau au poste de Directeur Photo), costumes, c’est très soigné. La culture asiatique (cinéma et mythologie) – et même si elle est observée du prisme hollywoodien – est traité avec respect dans l’ensemble. Tout un pan de la cinématographie HK est passé en revue de Drunken Master en passant par le magnifique The Bride with a White Hair (Jiang Hu en France) et Le Roi Singe. J’aurai pensé le jeune garçon interprété par Michael Angarano insupportable mais ça passe plutôt bien. Jackie Chan et Jet Li s’en donne à cœur joie, notamment lors d’un affrontement, réellement BON. Yuen Woo-Ping a rendu dans l’ensemble une partition acrobatico-physique impeccable. Mais… il est toujours dommage de se dire que ça aurait pu être encore mieux. La faute à une mise en scène, certes correcte, mais qui demande pour ce genre de film (l’Héroic Fantasy) un savoir-faire narratif au souffle épique constant. La plus part des codes du genre sont désamorcés ! Quand ce n’est pas carrément Jet Li qui pisse sur Jackie Chan (impardonnable ! et très mal venu). Sans doute Rob Minkoff a été handicapé par un scénario boiteux. Sans doute aussi que les producteurs ont sacrifié des scènes plus narrative. On voit clairement que le montage veut aller constamment a l’essentiel (les combats) au détriment de l’histoire, d’où l’impossibilité d’éprouver la moindre empathie pour les personnages. On se plait à rêver d’une imagination encore et toujours plus débordante (avec créatures par exemple, déchaînement des éléments naturels…etc.)… a l’image du film culte de Wolfgang Petersen Une Histoire sans Fin ou celui de Ching Siu-Tung Histoire de Fantôme Chinois.
Alors certes Le Royaume Interdit est un bon divertissement avec deux acteurs légendaires. Jet Li est flamboyant en Roi Singe et Jackie Chan (pourtant dix ans de plus que Jet Li) est très acrobatique et c’est un plaisir de le revoir dans ce style hautement chorégraphique. Il est le grand plaisir du film ! Il en résulte un film généreux dans ses combats, à la direction artistique soignée.
Dommage donc que les producteurs n’aient pas cru a la réelle possibilité de faire un Grand Film d’Héroic Fantasy à la sauce asiatique parce qu’ils avaient les meilleurs personnes pour faire cela : Yuen Woo-Ping à la chorégraphie, Jet Li, Jackie Chan, Peter Pau à la photo. Et au final, on reste malheureusement un peu sur sa faim…
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Les opinions exprimées dans cette critique ne concerne que son auteur et n’est en rien représentatif de l’ensemble des membres de Jackie Chan France.
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