Décédé hier à l’âge de 91 ans, Raymond Chow, le fondateur de la société de production Hongkongaise Golden Harvest, laisse derrière lui tout un pan du cinéma asiatique. La réaction de Jackie Chan ne s’est pas faite attendre. Raymond Chow et Jackie, c’est 20 ans de cinéma qui a révolutionné le cinéma d’action mondiale.
Avec la disparation du producteur Leonard Ho en 1998 et de son ex-agent Willie Chan l’année dernière et maintenant avec celle de Raymond Chow, c’est l’histoire d’une génération et d’une certaine idée du cinéma qui s’en est allée.
Sur Weibo, Jackie Chan a réagi longuement en hommage à son ami et mentor décédé :
« J’éprouve une peine infinie pour Raymond Chow. Je lui dois mon nom d’artiste. Dans les années 80, après la sortie du film Drunken Master, j’ai signé un contrat avec la société de production Golden Harvest. Mon nom anglais à l’époque s’écrivait : Jacky Chan, mais Raymond Chow, a déclaré : « Maintenant, vous travaillez avec nous et vous devez tout recommencer à zéro, c’est mieux de remplacer Jacky par Jackie ». Depuis lors, je suis Jackie Chan.
A l’époque, Raymond Chow et Leonard Ho étaient à la tête de la Golden Harvest. L’un s’occupait des affaires commerciales, l’autre de la production de films, ils se complétaient parfaitement. Ils m’ont ouvert de nouvelles opportunités professionnelles et m’ont permis de réaliser les films que je voulais faire. Après avoir signé un contrat avec la Golden Harvest, La Danse du Lion est devenue mon premier film pour la société. Je me souviens que nous avions tourné une scène de plus de 50 fois pour tout simplement attraper dans le cadre un magnifique éventail lancé avec le pied. J’ai mis tous mes efforts dans ce film afin de justifier la confiance des deux responsables de la société et de prouver à mes collègues du cinéma que mon succès ne dépend pas de la chance.
Lorsque le cinéma de Hong-Kong traversait une période difficile, des circonstances extérieures ont souvent affecté notre processus de tournage. Ran-Run Shaw m’a dit un jour : « Tu aimes le cinéma, et moi aussi, et comme tu aimes tant le cinéma, tu dois en faire pendant de nombreuses années, et quand il y a une stagnation au cinéma, il faut pouvoir survivre ». Lorsque j’ai eu des problèmes en raison de la signature d’un contrat avec la Golden Harvest, Raymond Chow a déclaré à l’un des producteurs de la société et bon ami Chua Lam : « Emmenez Jackie loin de Hong-Kong, filmez quelque part ailleurs, filmez où vous voulez, mais loin d’ici ». En raison de ces circonstances et de la confiance illimitée que j’avais des autorités, le film Soif de Justice a été tourné en Espagne. Ce fut un véritable gâchis et en même temps un grand succès. Nous avons même loué un château entier pour le tournage.
En 1986, lors du tournage du film Mister Dynamite en Yougoslavie, un accident bien connu m’est arrivé. Toutes les personnes présentes pensaient que j’allais mourir et Eric Tsang a appelé Raymond Chow à Hong-Kong. Raymond Chow a fait de son mieux pour contacter un grand chirurgien suisse qui, heureusement, se trouvait en Yougoslavie pour des conférences. Il s’est rendu immédiatement à l’hôpital ou je me trouvais pour pratiquer une opération de mon crâne, grâce à laquelle je suis resté en vie …
Pendant des années, Raymond Chow a été mon chef, mon ami et mon mentor et, par son exemple, il m’a appris à adopter une attitude sérieuse et respectueuse à l’égard de ma profession. Pour le cinéma de Hong-Kong et, plus largement, le cinéma Chinois, son nom est devenu la marque de toute une génération. Un grand nombre de cinéastes actuels ont reçu une aide et un soutien de sa part, et je suis sûr qu’on se souviendra toujours de lui.
Bonne chance M. Chow. Je n’oublierai jamais vos enseignements et la force d’esprit dont notre génération a hérité de vous, je vais essayer de la transmettre aux générations suivantes ».
RAYMOND CHOW
1927-2018
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