Le site internet Ogilvydo s’entretien avec Jackie Chan

714 Views 0 Comment

Ogilvydo est un site internet mettant en avant les personnalités créatives du monde entier. Le journaliste Fergus Hay a ainsi pu s’entretenir avec Jackie Chan. Les réponses de Jackie ne surprendrons pas les fans de la première heure, mais il est toujours sympathique de voir Jackie surtout que Jackie Chan France a traduit pour vous l’entretien !

Fergus Hay:

Il est la superstar asiatique mondiale, maître des arts martiaux qui a créé un tout nouveau genre de film avec la Kung-Fu Comedy. Il a réussi à faire le pont entre l’industrie du cinéma de l’Est et Hollywood. Il a tourné plus d’une centaine de films de Snake in Eagle Shadow (Le Chinois se Déchaine) à la série Rush Hour que nous connaissons et aimons tous. Il est également titulaire du Livre Guinness des records pour le plus de crédits sur un seul film. Il a cassé tous les os de son corps et il est aussi un chanteur notamment avec une chanson qui a été téléchargé plus d’un demi-milliard de fois. Il est l’intrépide, le virtuose, l’électrisant et apparemment immortel, Jackie Chan.

Jackie Chan:

Sensationnel ! Est-ce moi ?

Fergus:

C’est selon ma description. Ça vous semble juste ?

Jackie:

Ça le fait. Parfois, j’ai l’impression que les gens en font trop : « Oh, Jackie, tu es incroyable, tu es une légende ». Non, non… je suis juste une personne ordinaire.

Fergus:

Dans chaque film, vous êtes Jackie Chan. C’est presque comme si vous n’essayez pas d’être quelqu’un d’autre. Y-a-t-il un moment où vous vous êtes dit : « si je suis moi-même, je suis le plus grand personnage que je peux être ? ».

Jackie:

Je pense que durant les toutes premières années, j’écoutais le réalisateur. A l’époque, les réalisateurs étaient très puissants. Vous devez faire cela. Vous devez le faire. Mettez votre bras ici, mettez votre doigt ici. Ils ne permettaient pas de faire comme vous le pensiez. Vous étiez juste une machine. J’ai refusé. Quand je faisais un film avec Bruce Lee. A l’écran ou en dehors, c’était le même. Vous savez, quand il parlait, et j’étais loin … oh … c’est Bruce Lee. Que ce soit dans les films ou dans les coulisses, c’était la même chose. Après la mort de Bruce Lee, le réalisateur m’a demandé de devenir un acteur. J’avais, quoi ? 19 ans ?

Fergus:

Et vous n’aviez jamais pensé à devenir un acteur ?

Jackie:

Non, car à cette époque, tout le monde, peu importe qui, du moment que vous pratiquiez les arts martiaux, vous deveniez une star : « Vous pratiquez les arts martiaux ? D’accord, venez ».

Fergus:

Quel a été le moment où vous êtes devenu Jackie Chan et pas Bruce Lee ?

Jackie:

Il y a seulement un seul Bruce Lee. J’ai dit, pourquoi ne changeons-nous pas tout ? Être moi-même. Juste moi. Jackie Chan.

Fergus:

Cela demande beaucoup de confiance.

Jackie:

Y en avait aussi, et je remercie vraiment le producteur (NRD : Ng See Yuen). Il a dit, fait ce que tu aimes faire. Pas de Bruce Lee. Comédie. Bruce Lee donnait des coups de pieds hauts, j’en donnais un en bas. Quand Bruce frappait du poing et montrait sa force, je frappais et je disais dit aïe! … Tout comme un être humain normal. Quand j’étais jeune, je me battais dans la rue, j’ai frappé quelqu’un à terre. J’ai frappé un autre. Puis je me suis enfui. C’est la même chose. Tout dans mes films est ma vraie vie.

Fergus:

Je veux parler un peu de ce pourquoi vous semblez avoir une détermination à atteindre vos objectifs que vous vous êtes fixés et j’ai lu cette citation durant votre scolarité quand vous êtes allé à l’école de l’opéra de Pékin, vous avez dit : « Chaque jour, on nous formait de l’aube jusqu’à minuit et toute personne surprise prenant du bon temps, était fouetté et affamé. Toute ma créativité dépend de ces années de formation ardue ». Alors, pouvez-vous me parler de fuel qui alimente votre créativité ?

Jackie:

Je pense que toutes ces années, le professeur m’a formé dans la discipline, donc quand nous étions fainéant, il s’arrêtait et nous faisait attendre pendant une demi-heure dans cette pose (voir vidéo).

Fergus:

Mais était-ce amusant?

Jackie:

C’était amusant ! Maintenant, quand on parle de cette époque, c’est amusant, mais à ce moment-là, c’était vraiment très douloureux. Vous savez comment mon professeur m’a frappé ? Avec un morceau de bois épais et nous ne devions pas crier ou pleurer. Il n’arrêtait pas de me frapper et je le détestais, mais après avoir grandi, j’ai compris la formation.

Fergus:

Mais pensez-vous que votre créativité venait de cette discipline ?

Jackie:

Je pense que c’est un mélange des deux : mon talent et j’ai grandi sur les plateaux de cinéma quand j’étais plus jeune. Etant un enfant acteur, j’ai vu beaucoup de choses et à la fin je l’ai dit, je veux être un coordinateur de cascades. C’était mon grand rêve.

Fergus:

Mais vous avez été plus que ce que vous pensiez, parce que j’ai lu, j’ai fait beaucoup de recherche et vous avez dit: « Vous ne pouvez pas être avoir qu’une spécialité pour survivre. Vous devez tout savoir ». Et je sais que vous avez appris les caméras, le son, l’éclairage …

Jackie:

Parce que vous ne savez pas à quel point ça a pu être difficile de survivre dans l’industrie du film à Hong Kong à l’époque. J’avais 18 ans, j’étais le plus jeune coordinateur de cascades à Hong Kong et je suis allé sur le plateau et dis ok. Le caméraman m’a demandé quel objectif utilisé et j’ai su que je devais apprendre aussi cela.

Fergus:

C’était la même idée ? Vous vouliez lui prouver que vous pouviez faire.

Jackie:

Oui, j’ai tout appris. Je suis dans l’industrie du cinéma depuis 53 ans. Vous me demandez l’éclairage, son, caméra … Je vais passer à la caméra, je vais utiliser toutes sortes de choses. Toutes ces années, j’avais des gens sur les plateaux qui me demandaient de faire telle ou telle chose. J’ai acheté un appareil de montage dans ma maison et je montais des films tout seul. J’utilisais des plans non utilisés et je l’ai montais. J’ai montré au chef monteur ce que je peux faire et, plus tard, je me suis mis à monter moi-même, même le doublage et la musique… je donnais une liste de sons pour les scènes actions.

Fergus:

Donc, vous écriviez de la musique avant de faire la chorégraphie ?

Jackie:

Fergus:

Et vous avez toujours fait ça ?

Jackie:

Oui.  Mais maintenant, c’est déjà dans mon esprit.

Fergus:

Je veux parler de la façon dont vous mettez en scène vos séquences de combat. Je veux comprendre votre processus créatif quand vous faites ça. Comment commencez-vous à y penser ?

Jackie:

Chaque film, j’essaie de faire les choses différemment. Vous savez, ce film, Rush Hour 1, nous étions une pièce similaire à cette interview, je peux utiliser la chaise. Je peux passer par-dessus elle donner un coup de pied et retourner la chaise. Je peux faire toutes sortes de choses. On peut se battre toute la journée. De ce genre de choses stupides, j’ai changé lentement pour des mouvements plus direct. A l’époque, tu fais des choses que tu crois pouvoir faire. Je pouvais sauter et donner trois coups de pied, mais maintenant, je ne peux qu’en donner qu’un.

Fergus:

Qu’entendez-vous par coup de pied ? Sauter ?

Jackie:

Oui, je pouvais sauter dans les airs et donner quatre coups de pied en même temps.

Fergus:

C’est incroyable. Alors vous devez prendre beaucoup d’élan et kilomètres et sauter très haut ?

Jackie:

Non, non. Juste donner des coups de pied en un seul saut. Mais de 4, je suis passé à un. Mais le public ne le voit pas et ils disent que Jackie se fait vieux. Non.  « Wha .. Je pense qu’il est encore en forme ». Parce que je peux utiliser des techniques.

Fergus:

Comment vous sentez-vous quand les gens vous copient?

Jackie:

Je suis heureux. Cela signifie que j’ai réussi.

Fergus:

Mais il vous pousse à aller encore plus loin ?

Jackie:

Oui, ça me pousse aussi. Quand je fais de la comédie ou de l’action. Je dis, ok, comment puis-je faire autrement ? Bon, je fais une cascade dangereuse et personne ne me copie.

Fergus:

Parce celle-ci est trop dingue.

Jackie:

Ouais. Jackie, tu peux faire ça ? alors j’ai continué à faire des cascades dangereuses. Maintenant, quand je fais un film, je le fais pour moi-même pas forcément pour que les gens aiment ça. Si ce film peut donner un bon message, je suis satisfait. Lorsque vous voyez des gens célèbres, vous ne savez pas ce qu’il y a derrière leur histoire, comment difficile ça été pour eux. Les gens ne voient que mes films, mais quand tout le monde dort, je suis toujours devant le miroir à m’entrainer et je suis sur le plateau de tournage à 6 heures du matin. Puis je retourne m’entrainer jusqu’à ce quelqu’un me dise que le mouvement est bien exécuté

.

Fergus:

Je veux parler de la façon dont vous avez introduit la comédie dans des films de Kung-fu. Vous avez rendu cela beaucoup plus amusant et léger.

Jackie:

Parce que j’aime l’action mais je déteste la violence. Lorsque vous faites une séquence d’action et que vous mettez de la comédie, le public oublie la violence et par l’action, j’ai appris beaucoup de choses sur le public.

Fergus:

Et vous adorez faire ça…

Jackie:

Ya. Ils sont tous de plier de rire… mais il y a tellement de façons de faire un film. Donc, toutes ces années, j’ai appris par le public.

Fergus:

Vous êtes à l’écoute donc. Mais Comment ? Vous allez dans les salles de cinéma et vous les observer ?

Jackie:

Fergus:

Non, Vraiment ?

Jackie:

Fergus:

Vous souhaitez faufiler dans?

Jackie:

Durant les films, je me faufile dans la salle et j’observe le public. Si c’est de la comédie et que le public est calme, vous avez échoués. Pour comédie et l’action, le public doit s’exciter et c’est le succès.

Fergus:

C’est vrai ! Et bien ça été fantastique. Merci beaucoup pour cet entretien !

Jackie:

Merci beaucoup.

Fergus:

Jackie Chan a été fantastique de passer du temps avec une énergie incroyable, manifestement très concentré, très très charmant, dynamique, intelligente et drôle. Derrière tout cela, il y a le poids de la discipline et cela explique son attention et son sens du dévouement. Toutefois, ce qui le démarque des autres est son point de vue sur la créativité. Dépouiller de complexités et des complications du monde afin de rester très fidèle à qui il est, ce quoi il croit. Puis avec le public il vérifie comment les gens réagissent à ses films et à ses idées créatives. Voilà comment il reste original et fidèle à lui-même, loin de la concurrence, en se réinventant en permanence. Il est un perturbateur créatif mais pas en s’appuyant sur les autres, mais selon  ses compétences naturelles.

0 Comments

Leave a Comment