[PREVIEW] Qu’attendre de RIDE ON ?

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Annoncé et tourné dans la foulé en septembre 2021, Ride On a dès le début porté en lui l’espoir de revoir Jackie Chan au centre d’une intrigue. Il faut dire que les derniers films chinois de la légende du cinéma d’action ont déçu les fans à travers le monde en partageant la vedette avec une équipe de jeunes acteurs débutants au charisme proche du néant dans des scénarii d’une pauvreté affligeante. En ce sens, Vanguard de Stanley Tong, sortie en 2020, fait figure de navet opportuniste et Ride On arrive à point nommé pour tenter de laver l’affront.

Si de part son réalisateur et scénariste Larry Yang (il est l’auteur du drame multi primé Mountain Cry (2015) et de la comédie animalière Adoring (2019)), on a d’abord pensé à un drame sans action, les images des coulisses du tournage qui ont filtré par la suite, ont rapidement montré que le film serait une comédie d’action comme Jackie Chan avait l’habitude d’en faire. Ce que l’on savait moins, c’est à quel point le film regorgerait d’action !

Et pour cause, Ride On se veut être un hommage vibrant et émouvant sur les cascadeurs en se focalisant sur la difficulté du métier à travers les rapports compliqués avec la famille en raison de la part de dangerosité de la profession mais également sur l’évolution du métier qui vient s’entrechoquer avec la vision puriste des cascadeurs d’antan comme l’a été Jackie Chan et toute une bande de doux dingues du cinéma HK des années 80 et 90.

Avec son background qui se passe essentiellement dans les coulisses des tournages, c’est l’occasion pour Jackie Chan d’interpréter un rôle qu’il connait bien mais également de rendre hommage à l’industrie du cinéma HK à travers les genres qui en ont fait sa réputation mondiale : du Wu Xia Pian au polar « hardboiled » en passant par une des figures les plus emblématiques du film de super-héros chinois comme le « vengeur masqué » incarné par Bruce Lee dans la série Le Frelon Vert, par Donnie Yen dans Legend of the Fist : The Return of Chen Zhen ou encore par Jet Li dans Black Mask.

Dans Ride On, Jackie Chan incarne Lao Luo, un cascadeur lessivé par des années de métier qui se voit contraint de faire appel à sa fille (Liu Haocun) et à son gendre (Kevin Guo) lorsqu’il apprend que Red Hare, son cheval adoré, sera vendu aux enchères. Lao Luo et Red Hare deviennent une sensation du jour au lendemain sur les réseaux sociaux lorsque leur combat avec les agents de recouvrement devient viral. Pour Lao Luo, c’est aussi une seconde chance de choisir entre sa carrière de cascadeur et sa famille.

ACTION ! JUMP ! HOSPITAL !

Avec Ride On, c’est l’occasion pour Jackie Chan de prendre du recul sur une décennie de cinéma où il a tenté, avec un succès très mitigé, de changer de genre mais surtout les codes de son cinéma en laissant la part belle à des jeunes comédiens. De Railroad Tigers (2016) à Kung Fu Yoga (2017) en passant par The Knight of Shadows (2019) et Vanguard (2020), Jackie s’est littéralement effacé pour mettre en avant une nouvelle génération d’acteurs dont les performances se sont, pour la plupart, avérés médiocres. Exit le style « last man standing » qui voyait Jackie Chan affronter seul des hordes d’ennemis dans des combats homériques. Jackie s’est volontairement effacé dans des productions opportunistes, désireuses de capitaliser sur la renommé mondiale de « Jackie Chan » tout en se mettant à la retraite. Les fans et le public ont carrément vécu ça comme une trahison.

Evidemment, à 68 ans ans et presque autant de blessures passées, Jackie Chan ne peut plus rivaliser avec celui qui l’a été. Il n’est pas question pour autant d’arrêter le cinéma d’action et son discours semble avoir changer ces derniers temps. De « je suis trop vieux », Jackie semble être passé à « je tournerai des films d’actions tant que je le pourrais ». Récemment, Jackie s’est confié sur le constat d’échec concernant son impossibilité à trouver un successeur. En accusant l’industrie du cinéma chinois de se focaliser uniquement sur le jeunisme, la beauté et la popularité des comédiens, Jackie renie tous ses derniers films cités plus haut.

Si depuis 2010 avec le remake de Karate Kid, Jackie Chan semblait prendre du plaisir à jouer régulièrement les « vieux » à travers des personnages plus matures et accusant de l’âge. Avec Ride On, c’est carrément l’inverse. Et les quelques extraits dévoilés vont dans ce sens. Ici, c’est lui qui fait la nique aux jeunes. Dans le film, Kevin Guo qui interprète son gendre, semble en faire les frais, non pas dans des séances d’entrainement qui visent à en faire un guerrier, mais dans des scènes où Jackie défie littéralement une nouvelle génération bien trop habitué au confort de la société moderne ! Il en sera de même face à son ennemi incarné par le beau gosse athlétique Andy On que Jackie avait déjà affronté par deux fois dans New Police Story, il y a 20 ans !

A travers les bandes-annonces dévoilées jusqu’à présent, il faut remonter à 2006 avec Rob-B-Hood de Benny Chan pour voir un Jackie Chan aussi dynamique. Dans Ride On, on peut voir le corps de Jackie Chan rebondir sur les murs, percuter vigoureusement le sol ou encore tomber de plusieurs mètres de haut. Même Chinese Zodiac en 2012 qui était vendu comme son dernier gros film d’action ne peut pas en dire autant en terme de masochisme.

Néanmoins, on se demande comment Larry Yang va-t-il réussir à jongler entre les séquences d’actions et l’aspect intimiste qu’exige le récit à travers le litige avec le cheval et surtout la relation entre un père et sa fille. Saurat-il trouver le ton juste entre comédies et émotions ? On l’espère.

 

UN SUCCES NON GARANTI

Reste à savoir si le public sera réceptif à cette prise de recul salutaire. Peut-être se sent-il trop trompé pour retourner voir un « Jackie Chan » dont le nom est désormais synonyme de déception voir de navet. Sans compter que pour le jeune public chinois des grandes villes élevés à la C-pop, et ce malgré les efforts, Jackie Chan est un vieil acteur qui ne peut plus bouger.

A une quinzaine de jours de sa sortie en salles en Chine, l’engouement du public pour le film est plutôt moyen. Par conséquent, le film au budget modeste (on parle de 25M$) n’aura pas d’autres choix que de compter sur un puissant bouche à oreille pour espérer atteindre la barre symbolique des 100M$.

 

 

On est d’ailleurs intrigué par la tournure de la promotion qui avait débuté sa communication autour du trio d’acteur que sont Jackie Chan, Liu Haocun et Kevin Guo avant de se centrer uniquement sur Jackie Chan (et ses exploits) et le cheval (intrigue oblige).

La raison de ce changement de direction peut s’expliquer par le bad buzz autour de la jeune actrice Liu Haocun qui a sévi l’année dernière lors de la sortie de la comédie dramatique Only Fools Rush In durant le Nouvel An chinois. La jeune actrice découverte par Zhang Yimou avec les superbes One Second (2020) et l’année suivante Cliff Walkers (Les Espions de l’Aube chez HK Vidéo le 15 juin en dvd/blu-ray) a été la cible des internautes à travers une affaire qui concerne sa mère, professeur de danse. Celle-ci révèle qu’elle a refusé d’indemniser un de ses élèves qui s’est retrouvé handicapé suite à un accident durant ses cours. Un bad buzz qui a percuté la carrière de la jeune actrice qui a vu le succès de Only Fools Rush In totalement avorté. De nombreux internautes appellent d’ailleurs à boycotter Ride On à cause de sa présence dans le film.

En Chine, le public ne tolère pas le moindre écart de la part des personnalités publiques et il peut parfois se montrer injuste. Devant la frilosité des distributeurs, la jeune actrice au naturel talent est obligé de se faire discrète. Si Ride On peut se permettre de ne communiquer que sur « Jackie Chan », trois de ses films où elles occupent le premier rôle attendent toujours une sortie dans les salles.

Quoi qu’il en soit, le film de Larry Yang pourrait être le film de la dernière chance pour Jackie Chan. Une sorte de retour salvateur après une décennie de films chinois oscillants entre l’anecdotique et le navet . Avec son casting sympa (Yu Ailei, Yu Rongguang, Xing Yu, Wu Jing) et la razzia des distributeurs du monde entier lors du marché du film du Festival de Berlin, la qualité pourrait être au rendez-vous. On croise les doigts pour que le réalisateur ait su rendre ses lettres de noblesses à celui qui incarnait autrefois une certaine idée (folle) du cinéma d’action.

 

 

 

 

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