En général, cumuler 34M$ au box-office américain n’est pas synonyme de succès retentissent là-bas. Pour autant, le box-office de THE FOREIGNER mérite qu’on s’y attarde un peu plus. Si, il convient de ne pas crier au « méga succès », de par son modeste budget de 35M$ et une sortie dans une combinaison de salles plus réduites que les habituelles blockbusters, le film fait un solide score et notamment pour la société de production/distribution STX Entertainment.
STX Entertainment est une petite major américaine créée en 2014 qui rêve de devenir aussi puissante que Warner Bros ou Paramount. Avec un catalogue de 14 titres dont 12 financés par eux même, la société peine à se faire remarquer au box-office. Avec des films comme The Circle avec Tom Hanks et Emma Watson ou encore Free State of Jones avec Matthew McConaughey et le film d’horreur au micro budget The Gift, leur moyenne réside actuellement à 27M$ par film. Et ce n’est pas les 40M$ du blockbuster à 200M$ de Luc Besson, Valérian – dont STX Entertainment (qui n’a pas produit le film) a pourtant miser gros sur la promotion en le distribuant aux USA à hauteur de 3553 copies – qui viendra changer la donne. Seule, la comédie Bad Moms a sur tirer réellement son épingle du jeu en réalisant 113M$ au box-office US l’année dernière.
Certes, THE FOREIGNER ne fait pas mieux que les précédentes productions de STX Entertainment, mais là où le film fait la différence par rapport à tous les autres, c’est au niveau de sa carrière internationale avec actuellement plus de 100M$ hors USA. Vous comprenez qu’à ce stade, c’est vraiment une réussite.
PAR RAPPORT AUX AUTRES FILMS DE JACKIE CHAN SORTIES SUR LE SOL AMERICAIN
THE FOREIGNER ne s’en tire pas aussi bien que les productions hollywoodiennes que Chan a fait entre 1998 ( Rush Hour ) et 2010 ( Karate Kid ). Mais vu le sujet, personne à Hollywood ne s’attendait à ce que le film de Martin Campbell, à la fois drame et thriller politique dépressif et brutal, se comporte au box-office comme Rush Hour. Même un score comme Le Smoking ou les Shanghai Kid aurait été inattendu. Mais pour ce qui est des sept films de Jackie Chan que New Line et Miramax ont honteusement charcutés et montés pour les salles nord-américaines entre 1996 et 2000, c’est mieux !
En février 1996, New Line Cinema a distribué la production Hong-Kongaise, Jackie Chan dans le Bronx (hic, le titre français !), vendant le film comme un événement et une chance pour les cinéphiles américains de voir l’une des plus grandes stars du cinéma d’action. Le film était un bon choix pour ce voyage inaugural, d’abord parce que l’action se déroule aux USA (mais tourné au Canada… chuuut), puis parce c’est une aventure relativement « kid-friendly » malgré son « R-rated ». Le film a terminé en tête du box-office du week-end avec près de 10M$ dépassant le très médiatisé Mary Reilly avec Julia Roberts. Au final, Jackie Chan dans le Bronx a rapporté aux USA, 32M$ (65M$ en ajustant l’inflation).
C’est le coup d’envoi de la renommée de Jackie aux Etats-Unis. Entre 1996 à 2000, New Line a importé trois Jackie Chan ( Jackie Chan dans le Bronx , Contre-Attaque et Mr Cool ) avant de lui donner son premier grand hit avec Rush Hour en 1998. Pendant ce temps, de son côté Miramax (la société d’Harvey Weinstein hic !) a importé quatre de ses films ( Police Story 3 : Supercop , Operation Condor, Twin Dragons et Drunken Master 2 ). Ils ont tous rapporté entre 8M$ (15M$ avec l’inflation) et 16M$ (33M$ avec l’inflation).
Au final, a part Jackie Chan dans le Bronx, THE FOREIGNER va se retrouver au-dessus de tous les Jackie Chan importés, inflation compris.
En réalité, il faut voir The Foreigner comme étant ce qu’il est, soit une production sino-américaine. Jackie Chan investissant grandement sur les films dans lequel il est la star via sa société Sparkle Roll, The Foreigner a été produit avec l’intention de marquer aux USA ainsi qu’en Chine et le reste du monde. En ce sens, la méthode est peut-être plus proche du Médaillon produit par Tri-Star en 2003, qui a rapporté 22M$ (32M$ ajusté) aux USA.
A L’INTERNATIONAL
Même si il ne faut pas nécessairement comparer aux précédentes productions américaines ; avec ces 140M$ actuellement au compteur, la valeur mondiale de THE FOREIGNER, est bien plus haute que celle du Smoking (104M$ dans le monde) ainsi que de celle de Shanghaï Kid 1 (99M$) et Shanghaï Kid 2 (88M$).
Plus intéressant encore, grâce son gros succès en Chine (81M$, tout juste au-dessus des 80M$ de Police Story Lockdown), THE FOREIGNER se classe actuellement 53ème des films sortis dans le monde en 2017 !
Sans compter Kung Fu Yoga (254M$ rien qu’en Chine) qui se classe lui à la 34ème place alors qu’il n’est sorti réellement dans les salles qu’en Asie ! Railroad Tigers lui est à la 63e place avec 102M$ au compteur.
Après 7 ans d’absence dans les salles occidentales, THE FOREIGNER marque donc un retour gagnant qui ouvre une nouvelle perspective dans la carrière de Jackie. Autrefois obstiné à jouer dans des films asiatiques qui pourraient plaire au public occidental. Jackie Chan peut désormais, grâce au marché chinois (beaucoup plus grand que celui de Hong-Kong), s’offrir le luxe de produire des films « américains » (comprendre un réalisateur, une équipe et des acteurs occidentaux), avec l’assurance de marcher en Chine. Un exemple qui prouve bien qu’Hollywood se trouve désormais en Chine.
ET LA FRANCE ?
Sortie le 8 novembre dernier, le film a cumulé 140.213 entrées sur 121 copies et sans aucune promo (ni tv, ni radio) et sans projection presse ! On peut donc en conclure que l’opération n’est pas si mauvaise pour le distributeur Metropolitan Filmexport qui n’a pas dû dépenser grand chose pour la promotion du film. Sans compter que THE FOREIGNER fait quasi autant d’entrées que Shanghai Kid 2 et New Police Story et avec moins de copies.
En gros, c’est mieux que les dernières petites sorties en salles comme Espion Amateur (121.122 entrées) et Kung Fu Nanny (73.018) mais moins bien que Le Médaillon (169.759) ou Mister Cool (165.744) qui par contre ont bénéficié de plus de 200 copies lors de leurs sorties.
Bref, la bonne nouvelle, c’est que même sans effort de la part des distributeurs, Jackie Chan peut tout de même compter sur une fanbase toujours présente.
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